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Lanval im 18. Jahrhundert

Von der philologischen zur literarischen Mittelalter-Erinnerung

Dietmar Rieger


Pages 103 - 123



Un des résultats des recherches sur la littérature médiévale et ses manuscrits, qu`on peut observer en France depuis le milieu du XVIIIe siècle et qui se sont de plus en plus approfondies jusqu`à la Révolution, est la redécouverte de Marie de France et de ses lais. Mais le dialogue assez fructueux qui, en général, s`établit à cette époque entre les réceptions scientifique et littéraire du Moyen Âge n`a en principe pas eu lieu dans le cas de l`auteur des lais: au cotraire des historiens et philologues anglais, les médiévistes français se bornaient presque exclusivement à la traduction et à l`adaptation fictionnelle de tel ou tel lai. Cela s`explique entre autres par le fait que les chercheurs français ne purent attribuer ces poésies à Marie de France, connue comme auteur de fables, qu`à partir du moment où ils eurent, eux aussi, pris connaissance du grand manuscrit de lais du British Museum (Harley 978), suggérant cette attribution et en principe connu en Angleterre dès 1774/1775.
L`article présent a pour but de donner, à titre d`exemple, un aperçu des différentes phases du destin littéraire du lai Lanval jusqu`à la Révolution: l`historien Legrand d`Aussy publia en 1779 l`histoire de Lanval, injustement traité par Artus, et de son amour pour une fée dans une version en prose très sobre et extrêmement raccourcie qui se contente de quelques allusions à l`ambiance culturelle du Moyen Âge courtois. En 1783, le poète Barthélemy Imbert transforma cette version courte en un conte en vers galant et précieux dans la tradition de Perrault et de La Fontaine: Lanval y devint ´courtisan` et la fée, dame de salon. En 1788, juste avant l`éclatement de la Révolution, Lanval -- toujours celui de Legrand d`Aussy -- connut un succès surprenant au théâtre: les comédies-féeries des Monnet, Dumaniant und Murville servent en premier lieu de divertissement pour un public avide d`évasion. À la différence de Legrand d`Aussy et d`Imbert, ces auteurs relient à nouveau l`histoire de Lanval, dont les personnages, les relations entre eux et toute la trame sont plus ou moins modifiés, à l`imaginaire médiéval, en particulier aux idées de l`héroïsme et de l`amour courtois. C`est surtout l`opéra-comique de Murville qui est riche en hostilités armées et en tournois. Sa tentative de faire apparaïtre certaines données de sa propre société actuelle, telles qu`il les conçoit juste avant la fin d`une époque, dans la fiction d`un Moyen Âge globalisé, caractérisé par la simultanéité de Roland et d`Artus, thématise largement le pouvoir de la fée sur le ´brave Chevalier` et le monde de la courtoisie.
En France, l`évaluation et l`analyse philologiques proprement dites des lais de Marie de France ne seront entamées qu`au début du XIXe siècle: le texte original de Lanval fut publié pour la première fois en 1920 dans l`édition de Roquefort.

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