Résumé:
Cet essai examine le retour des domestiques dans la littérature française contemporaine. Après un survol historique retraçant les figures du valet et de la servante tout au long de l’histoire littéraire, l’article présente deux textes contemporains qui apportent une théorétisation de la figure du domestique au XXe et XXIe siècle. Markus Krajewski montre combien le champ lexical de l’ordinateur et de la digitalisation doit aux serviteurs, Christoph Bartmann émet l’hypothèse selon laquelle nous vivons actuellement le retour des domestiques jusqu’ici écartés du champ de la visibilité. L’analyse de trois oeuvres de fiction de Marie N’Diaye (Hilda, 1999), de Leïla Slimani (Chanson douce, 2016) et de Guillaume Lavenant (Protocole gouvernante, 2019) révèle que la figure de la nounou en particulier est présente dans la littérature contemporaine. Les textes s’interrogent sur la manière dont ces femmes vivent la solitude et la précarité et montrent les structures d’exploitation économique et sexuelle régnantes. Les textes étudiés traitent surtout le problème des principes économiques (disponibilité, compétition, accroissement) qui s’immiscent dans la vie privée des familles et causent de graves dégâts collatéraux.