Weiter zum Inhalt

„Der Mensch in der Revolte“ in der DDR – Erinnerungen

Brigitte Sändig


Seiten 401 - 412



Résumé:
En RDA, le personnage et l’oeuvre d’Albert Camus ont été un sujet assez périlleux – plus périlleux encore que la publication de plusieurs autres écrivains des pays de l’Ouest – en raison de l’anticommunisme prétendu de l’auteur : en qualifiant Camus officiellement de cette façon, les idéologues se référaient avant tout à « L’Homme révolté ». C’est pourquoi, dans les années cinquante, ceux qui avaient un pouvoir de décision dans l’édition des oeuvres littéraires estimèrent que l’oeuvre camusienne était impubliable dans sa totalité. Je témoigne ici de mon expérience personnelle : avec quelques collaborateurs de maison d’édition, je me suis efforcée, en dépit de conditions aussi peu favorables, de faire connaître l’oeuvre de Camus. Comme peu d’archives témoignent des processus complexes et parfois subtils pour contrer la censure, je ne dispose, pour parler des arcanes de cette histoire, que de rares documents et surtout de mes souvenirs de médiatrice impliquée. Toujours est-il qu’il existe une documentation sur un congrès qui eut lieu en 1991 à Berlin, à l’occasion du quarantième anniversaire de la publication de ‚L’Homme révolté‘, témoignant de l’impact de cet essai dans les pays de l’Est, tout particulièrement en RDA. Il rencontra un grand intérêt auprès d’un public affamé de réflexions et de jugements dignes de foi venant de l’Ouest, concernant les pays de l’Est : encore fallait-il pouvoir se procurer la traduction allemande de l’essai ou lire le texte dans l’original. Toutefois, cette présence de Camus, et tout spécialement, de « L’Homme révolté », était clandestine, et même illicite. Pour les lecteurs engagés dans les maisons d’édition et pour moi-même, il s’agissait, en revanche, de faire entrer Camus dans le rang des écrivains publiables en RDA. A cet égard, nous avons relevé le défi avec succès : dans les années soixante et soixante-dix, toute l’oeuvre littéraire de Camus fut publiée en RDA, alors que les deux essais incriminés, « Le Mythe de Sisyphe » et particulièrement « L’Homme révolté », restèrent interdits. Toujours est-il qu’ainsi Camus ne fut désormais plus un auteur « impossible ». C’est dans ce contexte que j’ai conçu le projet d’une biographie de Camus qui ne pouvait manquer de rencontrer un fort intérêt auprès de lecteurs de RDA. Après avoir mené ce travail à bien, j’ai dû le présenter devant un comité mandaté pour autoriser sa publication. Alors que j’avais procédé prudemment en contournant les problèmes politiquement épineux, on m’a imposé de remanier quelques passages, en particulier ceux qui concernaient « L’Homme révolté ». Je me suis exécutée et c’est ainsi que la seule biographie d’Albert Camus rédigée en RDA a pu paraître en 1983. Mais, consciente des faiblesses dues aux précautions prises pour contourner la censure, j’ai entrepris, vers la fin des années quatre-vingt, de réviser mon texte : je me suis surtout concentrée sur les prises de position politiques de Camus, en insistant sur sa quête assidue d’un socialisme solidaire qui comprend, il va de soi, le rejet du capitalisme.

Empfehlen


Export Citation