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Von der „cabane solitaire“ zu den „solitudes de l’Islande“

Protagonisten des ‚roman d’émigré‘ auf der Suche nach einer „terre hospitalière“

Dietmar Rieger


Pages 363 - 383



Résumé
Dans les deux dernières décennies, des chercheurs français ont approfondi les recherches sur les ‚romans d’émigration‘ parus autour de l’année 1800. À y regarder de plus près, ces romans réédités en partie s’avèrent être d’une diversité considérable, de sorte qu’une définition vraiment convaincante d’un prétendu ‚nouveau genre‘ reste à faire: sans doute, les questions portant sur le statut de l’auteur, sur la réalisation formelle, sur le parti pris idéologique ou sur le lieu particulier dans l’histoire du roman demandent encore d’être analysées plus en détail. Un point central de l’analyse est aussi la qualité du lieu respectif de l’exil, y compris l’importance qui lui revient dans l’économie du roman, et – au-delà de son caractère en principe interchangeable du point de vue du réfugié – sa fonction sémantique. Il va de soi que l’évaluation du pays d’exil dépend en général du degré plus ou moins haut de la bienveillance et de la serviabilité manifesté par celui-ci envers les émigrés. La rencontre que l’étranger fait avec le pays de son exil est marquée par ses propres intérêts qui sont dominés surtout par le désir du retour rapide. Il y a des romans d’émigré dont le titre même y met déjà l’accent. Il est plutôt rare que, après avoir subi diverses aventures, des émigrés romanesques éprouvent le désir de s’installer à la fin pour toujours dans leur pays d’exil: la ‚nouvelle d’émigré‘ ‚Réguine, nouvelle allemande‘ (1801), une sorte de contre-projet à ‚L’Émigré‘ de Sénac de Meilhan écrit par Coiffier de Verfeu, écrivain lui aussi émigré, s’achève par un mariage franco-allemand, ayant lieu dans une idylle rurale située dans une région du Wurtemberg („le bonheur sous le chaume“). Dans ‚Fanny, nouvelle française‘ du même auteur, c’est dans une „cabane solitaire“ de la vallée du Rhin suisse que, après une longue fuite périlleuse, le bonheur final de toute une famille d’émigrés peut enfin se réaliser. On n’est pas surpris de voir que l’action de ces romans se termine souvent dans un entourage idyllique fermé et isolé, lieu situé de préférence en Suisse ou au moins dans des localités pourvues de nettes affinités au ‚mythe hélvétique‘. Le cas du couple d’amoureux dans les ‚Mémoires d’une famille émigrée‘ de la romancière suisse Jeanne-Françoise Polier de Bottens (1798) est particulièrement remarquable. À la fin de ce roman, tous les composants essentiels d’une idylle de cabane suisse sont réunis. Une variante exceptionnelle nous est présentée par le roman épistolaire d’un certain B. A. Picard, ‚Le Retour d’un émigré, ou Mémoires de M. d’Olban‘ (1803). Désespérant de son sort d’émigré, le protagoniste échange l’exil prussien pour l’Islande, pour un pays rude avec ses rochers, sa neige et son climat hostile. Pour un certain temps il vit parmi les ‚indigènes‘ islandais extrêmement hospitaliers, dont, plus tard, il fera état des coutumes et habitudes en partie bizarres dans ses lettres à sa fille. Il s’en est fallu de peu pour qu’il épouse la belle fille d’un ‚chef‘ et qu’il y demeure pour toujours. Mais au moment où il prend connaissance du dégel politique en France, mis en place par Napoléon, il ne tient plus en place. Il procure, pour se remplacer lui-même, un roturier français à sa fiancée et retourne en Prusse, où cependant il est obligé d’attendre encore deux ans la radiation de son nom de la ‚liste des émigrés‘ avant de pouvoir retourner dans son vieux château racheté par son intendant resté en France.

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