L’article s’interroge sur les questions de savoir comment se lient les actions et l’habitus des personnages dans la tragédie Cornélie, mère des Gracques (1703) de Marie-Anne Barbier et comment s’enchaînent, par ce biais, les passions et la communication dans l’espace social et politique du drame pour qu’elles établissent un code de communication affective. Pour répondre à ces questions, l’article essaiera de montrer que Barbier se focalise sur Cornélie, la mère des Gracques, dans le but de modéliser une ‘tragédie de (la) mère’ étant donné que c’est la mère en tant que ‘maiîresse de céans’ qui règle, dans les sociétés anciennes, l’oiconomie des passions dans une famille, voire dans une maison spécifique. En mettant en scène Cornélie en tant que personnage principal de la tragédie, l’auteur déplie les dimensions (au pluriel) de la communication affective du drame à travers les diverses positions de la mère des Gracques dans les cadres domestiques, familiaux et généalogiques, mais aussi dans les espaces sociaux, politiques et culturels. Pour esquisser la conception et la modélisation du genre de la tragédie de (la mère) telle qu’elle s’établit dans la France de la Première Modernité l’article se penche, dans un premier temps, sur les tragédies de Pierre et Thomas Corneille, surtout sur Rodogune, princesse de Parthes du premier, ainsi que sur les tragédies de Georges de Scudéry et de Jean Racine. Dans un deuxième temps, l’article analyse les habitus des personnages de la tragédie barbierienne ici en question qui font émerger la communication affective de celle-ci, habitus qui provoquent également la fin tragique car ils dominent les actions des protagonistes sur scène. Dans un troisième et dernier temps, l’article considère les dysfonctions possibles du code de la communication affective à travers le couple amoureux de la tragédie, à savoir Gaius Gracqus et Licinie, pour démontrer comment les idéaux moraux ainsi que la base de la communication galante sont détruits dans ce drame. Dans cette perspective, on verra que la tragédie Cornélie, mère des Gracques, de Barbier met fin à la ‘tragédie galante’ du XVIIe siècle.